HISTORIQUE
Ernest Chenard et Henry Walcker (Argenteuil 1873 – 1912) installent leur atelier rue de Normandie à Asnières début 1899 pour y fabriquer des cycles, des motocycles (tricycles et quadricycles) puis des moteurs et des voiturettes.
La première automobile produite sort de l’usine en 1901. Si cette voiture possède encore un châssis en bois renforcé de métal, elle adopte des éléments d’un caractère plus novateur : le moteur est équipé de soupapes d’admission commandées et un essieu arrière double composé d’un essieu moteur et un essieu porteur accolés l’un derrière l’autre. Ce système sera utilisé jusqu’en 1927. Cette voiture comporte un moteur de deux cylindres. La quatre cylindres sera lancée en 1902.
En 1907, l’entreprise déménage à Gennevilliers rue du Moulin-de-la-Tour dans une usine située dans le quadrilatère bordé par l’avenue Chandon, la rue Henri-Barbusse, la rue des Écoles et la rue Paul-Vaillant-Couturier.
Cinq modèles à quatre cylindres seront livrables en 1914 dont la 6 HP de 1,2 litre. Depuis fin 1912, une 20 HP à moteur six cylindres s’ajoute à la gamme. Toutes recevront un radiateur rond.
Pendant la Première Guerre mondiale, l’usine se reconvertit à la fabrication d’obus et de moteur d’avion Hispano-Suiza.
En 1920, un nouveau modèle sort, la 3 litres sport qui est une voiture sportive équipée d’un moteur à soupapes en tête et de freins à l’avant. La division des trains routiers Chenard et Walker FAR débute la fabrication de tracteurs avec un attelage en hauteur.
En 1923, André Lagache et René Léonard remportent la première édition des 24 Heures du Mans sur une trois litres à moteur avec un arbre à cames en tête à la moyenne de 92 km/h devant Bentley et Lorraine-Dietrich. L’ancienne voiture de tourisme 10 HP (type TT) existe toujours et les ateliers s’agrandissent pour fabriquer et vendre les cyclecars Sénéchal jusqu’en 1927
En 1926, André Lagache et René Léonard gagnent les 24 Heures de Belgique à Spa-Francorchamps.
Pour résister à la concurrence française des marques (Citroën et Renault) et abaisser les prix de revient, une entente est constituée de 1927 à 1931 avec Delahaye. Ainsi, chaque partenaire fabrique des modèles communs vendus par les deux firmes.
En 1927, une voiture économique quatre cylindres de 1 litre de cylindrée intègre la gamme, mais la plus populaire des petites Chenard est la 8/10 CV de la série Y à moteur 1,5 litre qui, plus puissante, devient le modèle « tank » ainsi nommé pour sa carrosserie enveloppante et longue rappelant les voiturettes de course de 1 100 cm3 victorieuses une fois à la Coupe Rudge-Whitworth au 24 Heures du Mans et deux fois à la Coupe Boillot. Comme celles-ci le tank type Y8 a des soupapes d’admission en tête mais les soupapes d’échappement sont placées latéralement. L’Y8 atteint 129 km/h.
Au Salon de Paris 1931, la firme présente trois camions, de 2 tonnes, de 2,5 tonnes et de 3,5 tonnes de charge utile.
Un an plus tard, la gamme automobile se compose des Aiglon 8 (8 CV), Aiglon 10 (10 CV), Aigle 4 (12 CV) et Aigle 6 (14 CV).
Au Salon 1933, les roues avant indépendantes, une calandre inclinée à motif central et la 20 CV Aigle 8 à moteur V8 apparaissent.
Deux ans plus tard, tous les modèles reçoivent un bloc à soupapes en tête (le moteur est dit culbuté)
1936 Chenard et Walcker T24C Super Aigle.
À cause de l’insuccès de la Super-Aigle 4 (12 CV ou 14 CV), version à traction avant de l’Aigle 4, la firme connaît des difficultés financières la menant à être absorbée par la Société des usines Chausson fin 1936. Alors, les fabrications sont réduites, les voitures adoptent la carrosserie Chausson de la Matford, les moteurs sont remplacés par ceux de la Citroën Traction Avant 11 CV et de la Matford Alsace V8, les camions sont abandonnés et FAR, qui présentera en 1937 le « cheval mécanique », tracteur à trois roues avec un attelage automatique, continue indépendamment ses fabrications jusqu’en 1972. Ce tracteur sera adopté par les messageries de la SNCF et plus tard le SERNAM
En 1937, Charles Rigoulot est vainqueur du Bol d’or automobile à Montlhéry sur un tank 1 100 cm3 privé.
En 1940, la fabrication des automobiles cesse. Après la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise se spécialise dans la fabrication d’une camionnette de charge utile 1 500 kg à cabine avancée et à traction avant équipée d’un moteur bi-cylindres deux temps puis d’un quatre cylindres provenant de la Peugeot 202.
Chenard reste indépendante jusqu’à ce qu’elle soit définitivement absorbée par la Société des usines Chausson, elle même filiale de Peugeot puis continue à produire ses camionnettes commercialisées dans le réseau Peugeot sous cette marque (Peugeot D3 et D4).